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The Handmaid's tale


Comme au cinéma ou en littérature, il existe des séries qui laissent sur vous leurs empreintes. Elles vous chatouillent les narines au premier épisode, vous mordent au deuxième, prennent leurs quartiers dans votre cerveau au troisième et jouent tout le reste de la saison aux montagnes russes, depuis votre cœur jusqu’à vos tripes.

Attention, chef d’œuvre !

The Handmaid’s tale est une série américaine coup de poing adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood dans laquelle on suit le quotidien d’Offred, une prisonnière de la république de Gilead et des époux diaboliques, Fred et Serena Waterford.

L’action se déroule aux États-Unis dans un futur proche. Le taux de fertilité a drastiquement chuté au point de mettre en danger la survie de l’espèce humaine. Face à de tels enjeux, un groupe de religieux extrémistes s’empare du pouvoir, « récolte » les femmes fertiles du territoire et les réduit à l’esclavage.

Offred fait partie de ces « servantes écarlates », contraintes au silence et à la sacro-sainte procréation. Outre les courses quotidiennes, son rôle consiste à écarter les cuisses chaque mois lors du rituel de la Cérémonie, être prise par le maître de maison sous les yeux de sa légitime stérile et ce, dans l’espoir d’offrir un enfant à leur foyer.

Offred se souvient : les Leaders phallocrates lui ont tout pris. D’abord son travail, ensuite sa famille, son identité et aujourd’hui son corps. Avant que la dictature théocratique ne s’installe, June était une femme libre. Libre de s’exprimer, avoir un compte bancaire et s’habiller comme elle voulait. Elle travaillait dans une maison d’édition, faisait du jogging avec Moïra son amie homosexuelle, et faisait l’amour dans des chambres d’hôtel. De sa passion avec Luke est née Hannah ; une adorable petite fille qui lui donnera la force de rester debout. Se battre contre l’ignominie dans l’espoir de la retrouver un jour. Oui, June était une femme libre. Et comme toutes les autres, elle n’a rien vu venir.

« J’étais endormie, avant. C’est comme ça que c’est arrivé. Quand ils ont massacré le Congrès, on ne s’est pas réveillés. Quand ils ont blâmé les terroristes et suspendu la Constitution, on ne s’est pas réveillés non plus (…) Maintenant je suis réveillée. »

The Handmaid’s tale est une dystopie féministe aussi géniale que terrifiante. La mise en scène y est somptueuse et la performance d’Elisabeth Moss (Mad Men, Top of the Lake), tout simplement magistrale. De la même manière que les dominants s’approprient le corps des femmes, la caméra prend possession de son héroïne. Filme son visage (remarquablement expressif) au plus près ; ausculte sa souffrance et accouche ses pensées. Parallèlement à cette mise à nu (souvent perturbante, il faut bien le dire), les réalisateurs montrent à l’aide de flashbacks, comment l'utopie a viré au cauchemar.

The Handmaid’s tale résonne de manière ultra contemporaine. La société dictatoriale dépeinte dans la série – c’est la nôtre. Ce qui arrive à une nation lorsqu’elle base ses principes sur le contrôle du corps des femmes. C’est un monde patriarcal en guerre contre le terrorisme, se servant des états d’urgence pour porter atteinte aux droits fondamentaux des individus. Un monde violent, fabriqué par et pour les puissants ; continuellement souillé par la corruption des politiques, les fondamentalismes religieux et les scandales de l’industrie chimique.

Un monde où le président des États-Unis affirme, avant d’être élu à la tête de la première puissance mondiale, qu’il faudrait « inventer une punition » pour les femmes qui avortent.

En bref, une TRÈS GRANDE première saison*. Captivante,. Subversive, Militante. Un bijou de réalisation et d’interprétation poussant à une profonde réflexion sur les libertés individuelles ; sur ce qui fonde ou détruit une démocratie. The Handmaid's tale semble vouloir assumer un travail d'éducation populaire et distiller le message suivant : pour qu'une société démocratique soit saine et viable, le corps des femmes ne devrait appartenir ni à Dieu, ni aux hommes, et encore moins aux nations.

En un mot : RÉSISTANCE.

Image: Christopher Mineses / mashable

* Sortie de la saison 2 en 2018

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